Farce consultative
Le 11 février dernier, François Hollande annonçait la tenue d’un référendum local concernant le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, pour trancher la controverse, et emballer ainsi le projet d’un semblant d’approbation démocratique. Le résultat du scrutin du 26 juin (55 % pour le projet) peut sembler trancher le débat, mais il ne désarmera pas les oppositions suscitées par ce projet initié par l’État en 1963.
Au siècle dernier
Au début des années 70, les premiers opposants à la destruction des 1 600 hectares de la zone se mobilisaient. À l’époque, les études d’impact ne se souciaient pas trop des conséquences sur l’environnement et des possibles ravages écologiques causés par la destruction des zones humides, avec disparition de la faune et de la flore et des problèmes d’écoulement des eaux pluviales. Après une trentaine d’années passée aux oubliettes ministérielles, le projet ressortait en 2000, sous Jospin, réveillant l’opposition des agriculteurs promis à l’expropriation et à une fin de carrière prématurée. L’installation d’activistes à partir de 2009, puis la tentative d’évacuation musclée en 2012, donnaient à l’affaire une dimension nationale.
Quatre cents tracteurs
De polémiques juridiques en ministres successifs, nous en sommes arrivés à cette immense manifestation du 9 janvier 2016, pour joyeusement bloquer le pont de Cheviré, à Nantes. C’est grâce à la continuité de cette bataille qu’on a commencé à solder, enfin, les horreurs de l’année passée, et les élections régionales de la honte qui en ont découlé. Avec l’instauration de l’état d’urgence et son instrumentalisation contre des militants lors du sommet sur le climat, j’y croyais pas trop, à cette manif’. Et pourtant, on s’est retrouvés à vingt mille sur le périph’, à chanter en observant les manœuvres des quatre cents tracteurs se positionnant sur le pont. Les semaines suivantes, dans tout l’Ouest, on organisait des opérations escargot et des occupations de lieux et de services publics.
Ça plane pour eux
Le résultat du scrutin aurait valeur de laissez-passer pour laisser faire n’importe quoi, alors pourquoi se gêner, puisque la consultation n’était déjà qu’une mascarade ? Dès le départ, le terme de référendum était employé pour créer l’illusion démocratique. Or, le projet étant d’envergure nationale, il ne pouvait dépendre du vote de la seule Loire-Atlantique. C’est pourquoi nous avons eu finalement affaire à une consultation qui, comme son nom l’indique, n’est que consultative, et restreinte au seul département de Loire-Atlantique, face à l’opposition de plus en plus marquée des territoires voisins (cf. étude Ifop d’avril 2016 www.ouestorch.alouest.net/docs/ifop-nddl.pdf). Le gouvernement, respectueux de la parole du peuple, quand ça l’arrange, pense avoir obtenu la légitimité d’envoyer dans les airs l’avis de 73,53 % des votants de la commune concernée. Même à Nantes, fief de son promoteur en chef, Jean-Marc Ayrault, le oui l’a emporté de tout juste cent voix, sur un total de 84 730 votants. Même scénario à Bouguenais, qui accueille l’actuel aéroport. C’est dire le peu d’enthousiasme pour le projet de « transfert », et les fortes réticences exprimées par plus de 218 000 électeurs.
Nous ne sommes pas dupes de cette pantalonnade. Nous défendrons à nouveau la ZAD. Il n’y aura pas d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes !