Après des années de polémiques sur une prétendue théorie du genre et de ses terribles répercussions sur la société tout entière, arrêtons les frais. Assumons nos genres de désirs et de sexualités.
ADN
Je suis née fille avec tous les organes qui déterminent mon sexe. Mon frère est né garçon, et il devait aussi avoir tous les organes permettant de le définir ainsi. Dès l’adolescence, et durant des décennies, il a préféré le corps des hommes, ou tout du moins leur sexe. Je le comprends, moi aussi.
Petite, j’étais plutôt du genre garçon manqué, c’est ma grand-mère qui disait ça. C’est peut-être pour cela que je porte plutôt des pantalons, que je ne me maquille pas, et que j’ai toujours détesté les discussions de minettes. Je le sens dans le regard des gens, mon « manque de féminité ». Ca me va pourtant tellement bien les décolletés, et ne serait-ce qu’un trait noir aux yeux avec, soyons fous, un ou deux bijoux. Il n’y a rien à faire, je ne me résigne pas à être ce genre de femme.
Jeu de miroirs
Comme je disais, j’aime les hommes et je trouve normal que mon frère aussi. En fait, je ne me suis jamais posé la question en tant que problème, car c’était un fait. Le problème venait de l’extérieur, surtout à l’époque où l’homosexualité était encore un délit et une maladie mentale. Mon frère n’a jamais correspondu à un genre ni efféminé ni super viril, et depuis quinze ans, il est marié à une femme dont le genre est tout mon contraire.
Je suis de sexe féminin et mon frère est de sexe masculin, mais nos genres sont différents. Ils sont faits de nos enfances, de nos vies, de nos rencontres, de nos rapports à nos parents… J’aurais pu aller encore plus loin dans le genre garçon manqué, devenir plombier ou lesbienne, et mon frère devenir travesti, et alors ? Qui, au 21e siècle, peut s’arroger le droit de décider des genres auxquels nous devrions correspondre ? Et pourquoi ne pourrait-on pas changer de genre, voire de sexe quand c’est possible ?
Ce débat autour d’une pseudo théorie du genre dont on nous rabâche les oreilles depuis des années est consternant. Quel est le problème ? Que voulons-nous ? Continuer à élever nos filles et nos garçons selon des principes datant d’un autre temps, d’un autre monde ?
L’ordre moral contre le genre humain
Au regard de tous les stéréotypes archaïques véhiculés, il est heureux que l’Éducation nationale veille à la nécessaire conscience des enfants, qu’il s’agisse de leur corps, de leurs droits ou de l’égalité entre hommes et femmes. Ce n’est pas avec des débats stériles, montés en épingle par quelques intégristes de l’ordre moral, et relayés à outrance par des médias fascinés que notre société évoluera.
Alors que cet article alimentait la conversation de ce soir à table, ma fille en a trouvé la conclusion : « il y a deux sexes, mais un seul genre, c’est le genre humain. Et ça n’empêche pas d’avoir autant de genres que d’êtres humains. »
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