Ouest Torch'

Z’avez pas vu passer le PS ?

18 juin 2016 Ouest Torch' #4, Politiques

Où est donc passé l’PS ? On le cherche partout ! Satané PS ! Oooh, il est reparti !

Retour vers le futur

Je me souviens de l’élection présidentielle de 2002, les dirigeants PS se succédaient sur les plateaux télé, un petit sourire de satisfaction aux lèvres. Faut dire, on avait vu ! Après la dissolution de l’Assemblée nationale par la droite la plus bête du monde, on avait eu les gouvernements Jospin, du sérieux ! On avait vu que la gauche au pouvoir pouvait être une équipe de gestionnaires efficaces et bosseurs qui, eux, redressaient le pays sans faire de bruit mais sans coup férir. Avec un beau bilan législatif : du Pacs aux 35 heures en passant par l’AME, la CMU, l’ARS, la loi SRU… Ah ça avait été du sérieux ! On était assurés d’avoir la gauche pendant plusieurs législatures…

Élections, piège à cons

Quand j’étais plus jeune, je pensais que les élections sont des pièges à cons. Que le monde est une gigantesque tartufferie, où les dés sont pipés en permanence et qu’il est illusoire de songer l’améliorer ! Je n’ai pas voté en 1981, mais petit à petit j’y ai cru à la gauche. Et peu à peu j’ai accepté de fermer les yeux, parce que c’était la gauche, et c’était sans équivoque possible mieux que la droite. Le tournant de la rigueur en 1983. La limitation du montant de l’allocation chômage en 1982, et la multiplication soudaine, sur les trottoirs, de la mendicité. Pourtant je continuais d’y croire et me suis mis à voter en 1988. Après tout, de nombreux pays aimeraient bénéficier d’un système électoral comme le nôtre. Je votais Verts ou anti-capitaliste aux 1ers tours, et, aveuglement, sans trop y croire, PS aux 2ds tours, pour faire « barrage à la droite ».

dimanche 21 avril 2002

En 2002, étrangement, j’ai voté PS dès le 1er tour. J’ai même cherché à convaincre mon entourage d’en faire autant, tâche ardue. Ce 21 avril 2002, Lionel Jospin, qui s’était embrouillé les pédales en dénégation de trotskisme, que j’avais vu en direct affirmer que son programme n’était pas socialiste, n’était même pas au second tour ! Et, c’est plein de courage, qu’il renonçait à la politique. Dix années d’une droite nauséabonde allaient suivre. Dix années à exciter les pires instincts sécuritaires, les pires égoïsmes. Avec un PS absent, silencieux, incapable de résistance, dont certains membres allaient jusqu’à accepter un job dans la crèmerie d’en face !

Dix ans plus tard

Depuis, le PS a retrouvé le pouvoir, en 2012, mais on ne l’entendra pas plus, malgré une majorité à l’Assemblée et au Sénat. Il s’agirait plutôt de surveiller des chômeurs feignants qui refusent de travailler pour se payer un costard. D’encourager les jeunes a devenir milliardaires, plutôt que donner des moyens aux universités. De soigneusement punir les salariés voyous. Ceux qui, par milliers perdent leur emploi, et ont l’infamie de saccager le matériel de bureau d’une préfecture, ou déchirent la chemise d’un DRH innocent. On ne l’entendra pas plus, pendant que l’Union européenne casse la gueule du peuple grec. En revanche, on peut voir notre Premier ministre, pleutre face à l’Europe, levant le menton et serrant les dents, promettre la plus grande fermeté face à la population qu’il dépouille un peu plus de ses quelques garde-fous contre l’avidité libérale.
Pour célebrer les accords de Matignon du 7 juin 1936 (mise en place des conventions collectives, de la semaine de quarante heures et des congés payés) le journal Fakir, a lancé l’opération « Nous ne voterons plus PS ! » à commencer par 2017, et à le dire haut et fort.
Un parti politique dur avec les faibles (chômeurs, roms, précaires, jeunes), et timide avec les puissances financières représente-t-il encore un rempart contre quoi que ce soit ?
Ce parti, qui épouse la doxa du libéralisme le plus noir et fait donner sa police contre le peuple, n’aura pas mon vote en 2017.

Djemal’là
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