Après des décennies de guerre, le Liban a été le premier pays méditerranéen à se soulever en 2005. Entre crise des poubelles et corruption généralisée, le renouvellement politique émerge lentement. Quand l’injustice devient la loi, la rébellion est un devoir. Le devoir d’une classe dirigeante consiste en la bonne gestion de son pays, alors que celui de la classe politique est voué à l’amélioration de son bien-être. Depuis trop longtemps, ni l’une ni l’autre ne font leur job et pis encore, elles se confondent inexorablement, à travers le prisme de leurs propres intérêts, dans un contexte de globalisation financière effrénée. Par-ci, par-là, on voit en ce début de troisième millénaire des révolutions éclater face à des élites installées, de plus en plus corrompues, tant par le pouvoir que par l’argent, et sans même s’en cacher. C’est un constat que font tous les peuples du monde, les uns à la suite des autres.
Réaction en chaîne
Dans les années 2000, l’Amérique latine connait une vague de gouvernements populaires qui change la couleur politique du continent. A la suite du soulèvement tunisien de décembre 2010, le pourtour méditerranéen s’embrase. L’Europe littorale du sud amorce sa métamorphose politique à retardement, plus pacifiquement, mais assurément. La France, entre occident et orient, vient d’engager, dans un retentissement mondial, sa transition citoyenne. Les printemps arabes sont en fait méditerranéens.
Révolution des poubelles
Entre orient et occident, le Liban fait figure d’exception. En 2005, il est le premier à se soulever. Son peuple s’était opposé à la présence de troupes syriennes sur son territoire, aboutissant à leur départ du Liban. Le pays connait depuis, une période d’instabilité politique, avec l’affrontement des différentes factions de l’ancienne classe politique. La régénération politique tant attendue semble illusoire. Malgré le retrait des troupes étrangères, cette première révolution, n’a pas su trier jusqu’au bout les déchets de son pays, et ça se sent! Avant d’en arriver à l’insupportable crise des ordures qui dure depuis le mois de juillet 2015, les Libanais, avait déjà cherché à dénoncer la corruption érigée en règle dans leur pays. Aujourd’hui, poubelles et détritus s’amoncellent en dé- charges à ciel ouvert dans l’indifférence du gouvernement, La situation générale du Liban s’est putréfiée, en une seule décennie, jusqu’à dégager une réelle odeur nauséabonde.
Courants alternatifs
Depuis juin 2009, en l’absence d’élections législatives, après plusieurs autoprorogations du parlement, le droit de vote ne peut plus s’exercer qu’à l’échelle municipale. Les partis alternatifs commencent cependant à fleurir. Du mouvement citoyen Talaat Rihatkon “Vous puez!”, opposé au gouvernement, jusqu’à la coalition beyrouthine Beyrouth madinati “Beyrouth ma ville”, opposée à la majorité municipale expansionniste, la société civile parvient à se structurer malgré tous les blocages politiques. À nos ami(e)s libanais(es), tenez bon! Nos enfants vous remercieront! En juillet 2015, l’odeur était déjà insupportable dans Beyrouth.