Vous voulez vraiment parler de tout cela ? La corruption des élites, les conflits d’intérêts, l’argent volé… Qu’on vous livre la liste des affaires politico-financières de la Ve République en vous confirmant que les habitudes perdurent. Cela nous permettrait de ne pas dénoncer les violences policières, dont cette pratique d’enfoncer une matraque dans l’anus de jeunes hommes, en arguant la légitime défense ou le dérapage incontrôlé. Aussi, on ne dirait rien des violences racistes et xénophobes et leurs lots d’assassinats dans des petits coins de France. Ni du refoulement des migrants aux portes de l’Europe, ni des violences dogmatiques et leurs lots d’attentats et d’embrigadements. Comme si toutes ces haines n’étaient pas politiques.
Circonstances aggravantes
Nous commenterions les petits arrangements électoralistes sans évoquer la violence des médias, à la solde des grands groupes financiers, nous assénant la crise à toutes les sauces, pour alimenter la peur économique. Ainsi, transis par l’angoisse du lendemain, nous devrions suivre une voie inéluctable, selon que l’on est catholique, musulman, capitaliste ou frontiste.
Les prêches d’un candidat devant des parterres de patriotes racistes et homophobes, s’appropriant le drapeau comme étendard de leur intégrisme conservateur ; celui d’une candidate prônant le rétablissement des frontières et la préférence nationale ; ou les envolées exaltées du nouveau messie du libéralisme à la française, sont-ils foncièrement différents des appels fondamentalistes qu’ils prétendent combattre ?
N’attendez pas que nous servions la soupe à ces prédicateurs en élaborant une échelle de leurs valeurs, nous n’avons pas les mêmes. Nous ne cesserons de dénoncer les violences sociales et économiques que sont les bas salaires, la précarité, les logements insalubres hors de prix. Les violences faites aux femmes, comme Jacqueline Sauvage, condamnée à dix ans de prison pour avoir tué son mari, après 47 années de coups et de viols sur elle et ses filles.
La double peine pour les femmes, la prescription pour Denis Baupin, qui a l’arrogance de porter plainte pour diffamation. Les violences « éducatives » que sont les humiliations subies par tous les enfants dès leur plus jeune âge, en famille ou à l’école. On peut énumérer longtemps les violences de la vie, mais à quoi cela sert-il si l’on ne se pose pas la question de leur origine première qu’est la domination. Celle que l’on accepte ou celle que l’on impose.
Examen de conscience
Les mécanismes de domination sont si profondément ancrés dans nos cultures que nous ne les voyons plus. Nous devons cesser d’alimenter, par des actes ou des paroles, notre genre social de femme ou d’homme, en famille, au travail, dans la rue ou entre amis. Faisons valoir notre intelligence en ne subissant pas le fait d’être jeunes, femmes, homosexuels ou d’une autre couleur. Soyons nous-mêmes, en en jouissant au nez et à la barbe de tous les extrémismes. L’exercice est difficile, mais il n’y a qu’à ce prix que nous pourrons éradiquer ces dominations qui nous étouffent.