Ouest Torch'

Descentes musclées dans l’hyper-centre

Hommage du collectif antifas Paris-Banlieue à Clément Méric, mort sous les coups de skinheads, à Paris, le 5 juin 2013.

Ils sont à Rennes, Nantes, Lille, Strasbourg, Marseille… Ils sèment leur haine sans être inquiétés
et prennent la pose pour immortaliser leurs soirées sur le net. Récit d’attaque.

Fachosphère

Le vendredi 27 janvier en soirée, un commando de quarante hooligans, en cagoule, gants de frappe et saluts nazis, investit la rue Saint-Michel à Rennes. En une minute, la horde installe un climat de terreur dans la rue, en s’attaquant à quiconque a le malheur d’être là, surtout si il ou elle est noir(e), arabe, dreadeu(se) ou gauchaud(e), à entendre les témoignages. Sous couvert d’anonymat, par peur de représailles, plusieurs personnes racontent : « Ils ont pris les tables pour cogner les gens et ils sont partis en faisant des saluts nazis. […] Je me suis abrité chez des gens. Vers deux heures du matin, ils étaient encore là. […] » « Je suis allé en mairie, on m’a dit : ‘on ne sait pas’ » « Ils sont passés au Colombier, aux Lices, à République, pour taper des Noirs, des Arabes… Les gens se cachaient, y’a pas de photos parce que les gens avaient trop peur. Les gars ont pu patrouiller toute la soirée, quand les clochards se font virer en dix minutes »*. Le 7 février, les commerçants ont adressé une lettre aux élus pour témoigner eux aussi, et obtenir des explications sur la non-intervention des forces de l’ordre.

Mais que fait la police ?

« Rien eu sur mes écrans radars », assure l’adjoint au maire chargé de la sécurité municipale, dans le canard local du 14 février. Le 16, le boss de la sécurité publique en Ille-et-Vilaine s’exprime dans un communiqué pour dire que le standard de la police a reçu 23 appels ce soir-là, mais que leurs agents dépêchés sur place n’ont rien vu. Aussi, « toute personne pouvant apporter son témoignage est priée de se manifester auprès du commissariat central de Rennes » au profit d’une enquête administrative en cours, termine le boss sécurité 35. Il ne dit pas si les forces de l’ordre protégeront les témoins de cette ratonnade d’ultras sur le chemin du commissariat, voire à l’intérieur de celui-ci, tant le laxisme des autorités est troublant. Et quid des enregistrements des caméras municipales de vidéosurveillance, omniprésentes dans le centre-ville ? Et que fait son inspection générale sinon étouffer toutes les bavures policières dans des enquêtes administratives infiniment douteuses ? En revanche, lorsqu’il s’agit de dénoncer, de gazer, de matraquer ou d’éborgner des militants, de traquer, de violer, de tuer des jeunes, la police est toujours présente, et de plus en plus coupable.

Récidive

Le samedi 4 mars, le GUD (Groupe Union Défense) de Rennes a effectué une nouvelle descente en centre-ville, à l’occasion du rassemblement de soutien aux migrants du squat de la Poterie. Les jeunes fachos, visiblement encadrés par un ou plusieurs quinquas du même acabit, ont été dégagés de la place Sainte-Anne à coups de cannettes, de pavés et de palettes ! Une fois de plus, la police est arrivée trop tard, et face aux témoins qui s’en indignaient, la réponse a été : « Fermez tous vos gueules ! »

La taupe

*Propos recueillis par Taranis.news, France bleue et Ouest France.
photo : Albert Facelly

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