On ne se doute pas des difficultés administratives et médicales rencontrées par les personnes transgenres. Témoignages recueillis au centre lgbt de Rennes.
Depuis le 18 novembre 2016, le changement de prénom s’effectue en mairie. On peut demander à porter un prénom associé à un genre différent, sans changer son sexe sur sa carte d’identité, et c’est même « une des étapes conduisant au changement de sexe ». Voilà la minuscule avancée qu’on nous concède.
Mais c’est à l’officier de l’état civil d’apprécier « l’intérêt légitime de la personne concernée ». On est donc encore très loin de pouvoir choisir soi-même son prénom et le sexe indiqué sur ses papiers. L’administration décide pour nous qui nous sommes.
Pour les personnes trans, récupérer un colis, se faire contrôler dans le métro se transforme en justification de son identité. Ton quotidien, c’est d’expliquer que tu es trans, encore. Même pour aller voter, au risque que des fachos t’entendent et décident de te défoncer la gueule.
Médecine à l’aveugle
Pour la santé, c’est pareil, les médecins décident pour toi les hormones, les opérations, les traitements qu’il te faut, alors qu’ils n’y connaissent souvent pas grand chose. On n’a pas encore de recul sur la santé des personnes trans. Les endocrinologues prescrivent les hormones au pif, et ça peut causer de graves dépressions. On a intérêt à s’échanger les noms des très rares médecins corrects, et la permanence du centre lgbt sert notamment à ça.
Écrire sur la domination que les personnes trans subissent, quand on est une meuf hétéro et cis n’est pas évident. Je remercie les gens qui ont bien voulu répondre à mes questions. Ces discussions m’ont permis de comprendre, définitivement, qu’il est grand temps qu’on laisse aux gens le droit de se définir, de choisir son identité et comment la nommer.
Sœur C.
photo: Le modèle (jean) 1970 Pierre Molinier