C’est l’histoire d’un lycée expérimental public, créé à Saint-Nazaire en 1982 par un collectif d’élèves et d’enseignants, dont Gabriel Cohn Bendit, grand frère de feu Dany le rouge. Dans la foulée de l’arrivée de la gauche au pouvoir, ils avaient su convaincre le ministre de l’Éducation d’alors, Alain Savary, de créer ce lycée proposant une pédagogie alternative, basée sur la cogestion. Trente sept années plus tard, le lycée expérimental (LXP) a survécu, et si la victoire d’aujourd’hui est celle du bâtiment, à travers lui, c’est bien celle du lycée tout entier qui est célébrée.
Du hangar à l’ancien hôtel
En 1981, un garagiste, dont la petite-fille deviendra élève, loua à la future équipe éducative, un bâtiment fait de bois et de parpaings, pour un franc symbolique. L’année suivante, pour son ouverture officielle, le LXP s’installa dans une villa de trois étages, en briques et pierres, au cœur d’un parc ombragé, et y resta jusqu’en juin 1984. Ensuite, le LXP déménagea dans une tour désaffectée de 7 étages, ancien foyer de jeunes travailleurs, du temps de la croissance. Enfin, l’ancien Hôtel Transatlantique, situé entre la plage et le port, d’où partaient jadis les paquebots pour New-York, Rio ou Valparaiso, est devenu et restera le quartier général des pirates que sont ces très chers « expérimentaliens ».
Mise aux normes
À défaut de réussir à formater les lieux et les gens dans une gestion purement administrative, en interdisant par exemple l’utilisation d’un minibus ou la pratique des repas autogérés sans comptabilité, les autorités ont tenté un coup. En juillet 2015, la Silène (bailleur social, propriétaire des lieux) rend un rapport sur l’accessibilité aux handicapés du bâtiment et les travaux de rénovation obligatoires avant 2020, soit 389 000 € TTC, sans le traitement de l’amiante ( ! ). La Silène ne peut rien prendre en charge et propose la vente des locaux au prix des travaux en renvoyant le bébé à la Région et à l’État. La bataille peut commencer.
Comité de soutien
Organiser des débats, informer, écrire, téléphoner, insister, remobiliser, faire la fête… Le comité se met en place et les actions se multiplient, mais trois ans plus tard, personne ne sait ce qu’il adviendra des locaux à la rentrée 2019. Des solutions en périphérie de Saint-Nazaire ou en annexe du lycée Aristide Briand, dont le LXP dépend administrativement, sont envisagées, mais le souhait d’indépendance au cœur de la ville est plus fort que tout, et la mobilisation continue de plus belle. Après des mois sans nouvelles, sans réponses aux mails, apprenant les évolutions du dossier dans la presse, la nouvelle est enfin tombée en fin d’année.
Happy end ?
Le 18 novembre 2018, le Recteur d’académie annonce : la Silène propose de conserver ce bâtiment dans son patrimoine et d’y héberger le lycée tout en y réalisant les travaux nécessaires. Le Ministère remboursera l’investissement sur quinze ans, sous la forme d’une augmentation significative du loyer.
Dans sa grande bonté, le même Recteur vient d’annoncer la suppression de deux postes d’enseignants sur dix-neuf au lycée pour la rentrée prochaine (voir page 3).
Même pas peur, la lutte continue !
Ma Dalton
Comité de soutien :
www.amislyceexp.ouvaton.org