Face aux nombreuses actions dans toute la France, le gouvernement panique et tente d’inverser les responsabilités, soutenu par la servilité des médias.
Kidnapping
Tais-toi et cherche du gasoil !
9 h 30, dans une station service de Rennes. Au volant de sa voiture, Jean-Michel nous avoue sa détresse : ben y’a plus de gasoil…
Pris en otage par une poignée d’activistes voulant freiner les grandes avancées sociales telles que la Loi travail, Jean-Michel est pourtant déterminé à trouver du carburant : ben, j’vais essayer à l’autre station Total.
C’est la petite ritournelle bien connue, et chantée à longueur de grands médias, celle du citoyen lambda, superbement incarné par Jean-Michel à la station service. Notre héros du JT devrait détester d’autres citoyens, pas bien différents de lui, et refuser leur lutte pour un avenir meilleur. Meilleur pour tous les Jean-Michel.
On hurle à la dictature, lorsque la CGT du livre bloque les impressions de tous les quotidiens, sauf L’Humanité, pendant une journée. S’indigne-t-on autant, par exemple, qu’un quotidien comme le Figaro soit détenu par le plus gros fabricant d’armes français (un exemple de l’indépendance de la presse) ?
N’y a-t-il pas de parti pris, quand le présentateur des informations soupire de soulagement : Ouf, les blocages ont été levés, ou quand l’édito éco du matin à la radio nous assure que : la loi El Khomri, avec la primauté donnée aux accords d’entreprise, c’est au fond l’horizontalité tellement demandée par les citoyens * ?
Tais-toi et écris au président !
Sur les blocages économiques, la censure n’est pas moindre. Il y a quelques semaines, une tentative de blocage du dépôt de carburant de Vern-sur-Seiche a tourné court, les gendarmes nous attendant avec tout leur attirail comme il se doit. Violemment repoussés par les gardiens de la loi El Khomri, nous nous dirigeons alors vers les ronds-points à proximité, pour mettre en place un barrage filtrant. Mais à peine les palettes installées sur la route, les gendarmes viennent les dégager violemment, puis nous délogent de la même façon. Nos tentatives de dialogue tombent à l’eau, la seule réponse des gendarmes étant : Vous avez élu un gouvernement, et ce gouvernement, il donne des ordres. Donc si vous êtes pas contents, vous écrivez une lettre au président ! Nous voilà réduits à arrêter les voitures qui le veulent bien depuis le bord de la route pour distribuer des tracts. Mais lorsque’on discute un peu trop, les gendarmes, qui ne nous lâchent pas d’une semelle, ordonnent aux conducteurs d’accélérer à coup de : bon, c’est bon, vous avez compris, maintenant circulez !
Rêve-toi et marche !
Nous voilà dans le décor étrange d’une file de voitures arrivant doucement au niveau d’un rond-point. Une vingtaine de personnes de tous âges ralentissent les voitures, tandis que les gendarmes, mélangés aux militants, ordonnent avec de grands gestes aux automobilistes de ne pas s’arrêter.
Curieuse scène qui montre que le gouvernement a envoyé ses forces de maintient de l’ordre, en nombre aussi important que notre petit groupe, pour empêcher des opposants à sa Loi de bloquer l’économie, mais aussi de ralentir des voitures, de distribuer des tracts, voire de parler trop longtemps aux gens…
Parce qu’au fond, la plus grande peur de ce gouvernement qui perd le contrôle, c’est que nous soyons solidaires. C’est que tous les Jean-Michel, au lieu de chercher du carburant, parlent entre eux et commencent à se demander comment ils pourraient, ensemble, changer les choses. Ça ne mérite pas un petit blocage ?
CailLoux
* France Inter, matinale du 1er Juin